12e Épisode: Les Langues Syllabiques : Le Cri

Nous jetons ici un regard sur l’histoire du développement des systèmes d’écriture syllabique des langues autochtones et de son usage actuel. Conçue par des missionnaires en quête de christianisation, l’écriture syllabique a vraiment joué un rôle important dans l’enseignement de l’écriture aux autochtones.

Historique

L’écriture naît du besoin fondamental de communiquer entre nous et de transmettre les idées et les expériences de notre culture, à la postérité. Des centaines de langues à travers le monde s’écrivent au moyen de caractères syllabiques. Au Canada, une poignée de langues autochtones a perfectionné cette forme d’écriture.

Pour les missionnaires, la création du système syllabique semblait être une bonne façon d’initier les peuples autochtones à la connaissance de la bible. James Evans, surnommé par les autochtones “l’homme qui fait parler l’écorce de bouleau,” a créé le système le plus durable.

Les prêtres catholiques et anglicans ont aussi adopté ces symboles. En 1861, la Société Biblique de Londres édita une bible en caractères syllabiques cris. En plus d’apprendre la bible, les autochtones ont surtout trouvé leur propre usage de l’écriture syllabique.

Trois séries de caractères syllabiques dérivent de celle créée par James Evans : l’inuktitut, le cri (famille algonquienne) et le dené (famille athapascane).

1ière Partie

Voyons l’histoire du développement des premiers symboles qui ont évolué jusqu’à devenir l’écriture cri et inuktitut moderne. Jetons un coup d’œil sur le travail de James Evans comprennant des hymnes et d’autres textes sacrés. Ecoutons aussi quelques extraits de sa correspondance.

Le travail du révérend Edmund Peck est aussi très important dans l’élaboration de l’écriture inuktitut. Arrivé au nord du Québec en 1876, il y travailla pendant presque 50 ans. Sa mission était de traduire la bible en écriture syllabique inuktitut et d’enseigner aux autochtones à lire et à écrire.

Josie Kusugak est l’actuel président de “Inuit Tapirisat Canada.” Ex-enseignant et spécialiste des langues, il nous parle de l’alphabétisation chez les peuples autochtones et de la tradition orale.

2e Partie

Il est certain que l’on a alphabétisé les Premières Nations dans le but de les évangéliser, mais il n’en demeure pas moins que l’écriture syllabique est fortement implantée dans les communautés. Chez les Cris comme chez les Inuits, on la retrouve dans les documents officiels des gouvernements, les documents scolaires, les encyclopédies, les journaux, les magazines culturels, etc.

Nous assistons à un atelier de la Commission Scolaire Crie, où des éducatrices et des consultantes représentant toutes les communautés cries du Québec, se rencontrent. Elles travaillent à l’élaboration de matériel didactique pour l’écriture syllabique.

La question de la standardisation des symboles est très complexe. En effet, à cause de la diversité des dialectes, le défit pour uniformiser l’écriture syllabique est grand. Par exemple, dans les 9 communautés cries du nord du Québec, il existe 5 dialectes différents: le dialecte du nord, du sud, de la côte, de l’est et de l’ouest. Au Nunavut et au Nunavik on parle deux versions distinctes d’inuktitut, et celles-ci diffèrent de l’inuktitut du Yukon, de l’Alaska et du Groenland. Josie Kusugak et Robbie Watt discutent de cette question.